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Relations commerciales Europe - États-Unis : éclairages sur la politique commerciale américaine

Intervention de M. l’ambassadeur Sondland sur les relations commerciales entre États-Unis et Union européenne pendant une réunion du groupe européen des Conservateurs et réformistes

L’intervention de l’ambassadeur des États-Unis auprès de l’Union européenne résume, de façon limpide, les dynamiques de la politique commerciale américaine inaugurée par l’administration Trump

Les propos de l’ambassadeur entendaient expliciter la conception que les USA ont du commerce international : un résumé concis, clair et extrêmement accessible

Nous rapportons ci-dessous les propos tenus le 9 avril dernier par Gordon Sondland (ambassadeur américain auprès de l’Union européenne) au cours d’une rencontre au siège du groupe des Conservateurs et réformistes européens (CRE), à Bruxelles.

Groupe des Conservateurs et réformistes : troisième groupe politique au sein du parlement européen

Nous conseillons la lecture de cet article à toutes les personnes intéressées par le commerce international en général, et par les relations commerciales entre Europe et États-Unis en particulier.

Les lecteurs pourront y trouver des éclairages sur les motivations stratégiques qui fondent la politique étrangère américaine à long terme inaugurée par l’administration Trump. Donnant des exemples et faisant référence à des succès, M. l’ambassadeur montre la voie à suivre pour réorganiser les relations commerciales entre Europe et USA.

L’intervention originale a été faite en anglais. ExportUSA l’a traduite en français en partant de la transcription disponible sur le site de la représentation américaine auprès de l’Union européenne, que l’on peut trouver sur cette page :

https://useu.usmission.gov/ambassador-sondlands-remarks-at-the-european-parliament-ecr-group-discussion-on-u-s-eu-trade/

Le lecteur doit donc être conscient que d’éventuelles nuances peuvent avoir été perdues ou modifiées par les traductions. Pour une analyse des propos originaux de l’ambassadeur Sondland, il convient de se rapporter exclusivement à la transcription disponible sous le lien indiqué. La traduction d’ExportUSA n’est fournie qu’au titre de signalement de l’événement.

Mardi 9 avril 2019

Bruxelles, Belgique

Bonjour, je voudrais remercier Syed Kamall, Ema Mc. Clarkin et tout le CRE de m’avoir invité aujourd’hui.

Je pense que beaucoup d’entre vous savent déjà quelle est ma position sur les questions-clef et les défis des relations commerciales entre États-Unis et Europe.

J’ai essayé d’être très sincère dans mes interventions en public comme dans les interviews aux médias. Bien que l’Europe et les États-Unis partagent des valeurs communes, il n’est pas constructif de continuer à ignorer nos différences. Je crois vraiment que nombreux sont ceux qui attendent un échange honnête, qui puisse faire bouger les lignes.

Je pense que vous êtes nombreux, dans cette salle, à partager ce point de vue et à avoir une vision à long terme quand il s’agit des relations commerciales entre États-Unis et Europe. J’en suis bien conscient, et ne suis pas venu ici aujourd’hui pour me plaindre ou tenir une conférence : je préférerais saisir cette occasion pour parler de stratégie commerciale internationale.

Malgré les propos que l’on entend quotidiennement, les USA sont ouverts aux entreprises qui travaillent activement à améliorer les relations commerciales mondiales de façon à en faire profiter l’Europe aussi.

Vous pouvez ne pas apprécier les modalités d’action de l’administration actuelle, et les tactiques qu’elle met en œuvre, mais le temps des demi-mesures est derrière nous. Les États-Unis entendent affronter les déséquilibres du commerce mondial du XXIe siècle en développant des actions telles que la lutte contre les barrières protectionnistes injustifiées, le comblement des lacunes des règles de l’OMC, et le développement d’une politique industrielle qui ne soit pas une politique de marché.

Alors qu’aux États-Unis nous lançons et finançons d’importants accords commerciaux (certains publics, d’autres non), l’UE en est encore à chercher un accord sur les mandats de négociation. Pour dire les choses clairement, nous avons besoin de Bruxelles, pour pouvoir travailler avec l’Europe.

Un nouveau rôle pour l’OMC - Organisation Mondiale du Commerce

Nous travaillons dur pour réformer l’OMC [Organisation Mondiale du Commerce] en la rendre plus efficace et opérationnelle vis-à-vis de ses membres. Par exemple en étendant les pouvoirs de l’Organe d’appel, qui sont trop limités.

Nous récusons les accusations qui nous sont faites de ne pas participer activement à l’OMC : la réalité est que les USA comptent parmi les plus ardents défenseurs de cet organisme de régulation du commerce international.

Notre vieille expérience à la tête de l’OMC nous a en effet fait prendre très clairement conscience de ce qu’allaient être les défis à venir. D’après la lecture que nous faisons, ses membres commencent à affronter aujourd’hui, pour la première fois, des problématiques qui se sont prolongées sans réelle solution pendant des années.

Nous essayons de faire de la Chine un membre responsable de la communauté commerciale internationale : nous savons que les avantages à long terme dépasseront de très loin toute interruption sur le court terme.

Pendant que les États-Unis et l’Europe perdent du temps en petites escarmouches, comme les listes noires et le recyclage de l’argent sale, les Chinois acquièrent de précieuses propriétés intellectuelles.

La Chine poursuit son expansion dans des zones stratégiques du monde entier, y compris en Europe. Et les conséquences seront considérables. Malgré cela, l’UE semble plus attachée à vendre un peu plus à New York, ou à empêcher les biftecks américains d’arriver sur les tables de Berlin, plutôt que de se concentrer sur les aspects vraiment importants.

Nous avons besoin que l’UE se forge une vision stratégique du commerce international, plutôt qu’une position inutile, excessivement réactionnaire.

Les réglementations et autres types de barrières commerciales non tarifaires, au nombre desquels l’anti-américanisme subtilement dissimulé qu’illustrent les taxes exorbitantes sur Google, ne constituent pas un modèle durable si l’UE souhaite rester un concurrent compétitif sur la scène internationale.

Des barrières comme celles-ci étouffent l’innovation, la croissance et la création d’emplois (je pense autant aux activités de sociétés américaines en Europe qu’aux start-ups européennes). Ce n’est pas ainsi que l’on développe l’économie.

Pendant une mission aux USA, fin mars, j’ai rencontré plusieurs entreprises américaines de la côte Ouest, dont beaucoup ont des activités significatives en Europe.

Certaines de ces entreprises se développent par une expansion interne, d’autres par des acquisitions. Mais toutes créent des emplois en Europe et paient des impôts en Europe. Cependant, elles sont inquiètes de ce qu’il devient de plus en plus difficile de faire des affaires en Europe et avec l’Europe.

Le revers de la médaille est que des centaines de start-ups européennes se sont tournées vers des lieux comme la Silicon Valley pour se développer, ou même pour délocaliser leur activité. La majeure partie de ces sociétés avait besoin d’accès à des financements pour développer leurs activités, et beaucoup se sont installées hors d’Europe pour éviter tous ces obstacles bureaucratiques qui empêchent la croissance.

Pour ne donner qu’un exemple, je voudrais revenir sur une des entreprises récemment primées par le département pour l’Innovation du commerce aux États-Unis - Prodsmart. Cette entreprise est une start-up portugaise qui a récemment transféré son siège du Portugal à San Francisco. Prodsmart fournit des analyses en temps réel pour des lignes de production et des activités de production.

Il s’agit d’un Manufacturing Execution System (MES) de crowdsourcing qui transforme toute unité de production en une unité numérique intelligente, en utilisant des dispositifs en ligne pour recueillir les données de production directement sur site, en éliminant le papier, et en fournissant des analyses en temps réel qui permettent de réduire le gaspillage et d’améliorer l’efficience.

Ce n’est qu’un exemple : des entreprises européennes comme Skype, Transferwise, Criteo et PromoRepublic ont exploité l’atmosphère innovante et les plus nombreuses possibilités de financement, facilement accessibles aux États-Unis.

Cela devrait faire dresser les oreilles en Europe. Je veux collaborer avec l’UE pour faire en sorte que l’innovation existe aussi bien en Europe qu’aux États-Unis. Il n’y a absolument aucune raison pour les États-Unis d’avoir le monopole [du développement de start-ups innovantes].

Comment tout cela peut-il se faire ? En grande partie, je crois, par un leadership plus visionnaire et par la volonté d’accepter que le protectionnisme défensif ne fonctionne plus à l’heure de la quatrième révolution industrielle.

Je parlerai dans une minute du commerce et de certains volets de notre relation. Mais avant, je voudrais éclaircir un point. Si les États-Unis et l’UE ne sont pas toujours d’accord sur les stratégies, nous partageons en revanche toujours le même objectif : améliorer la sécurité réciproque et notre prospérité. Nos différences sont jetées à la une des journaux, mais ce qui est souvent passé sous silence, c’est notre volonté de collaboration.

Depuis que je suis arrivé à Bruxelles, j’ai essayé de faire comprendre une chose : les États-Unis et l’Europe travaillent mieux quand ils travaillent ensemble. Cette idée simple se perd hélas trop souvent dans le vacarme qui se fait quand on essaie de résoudre à la hâte les problèmes que nous créons nous-mêmes.

En même temps, j’ai aussi expliqué que rien n’est acquis. Si nous ne réglons pas ce qui ne sont pour l’instant que de petites irritations dans notre relation, nous risquons de la mettre à mal bientôt. Nous sommes de bons partenaires, et c’est important, trop important pour tout laisser partir à la dérive. Nous devons travailler ensemble pour nous remettre en marche.

Les États-Unis et l’UE établissent des règles mondiales qui garantissent sécurité et équilibre : nous sommes donc un exemple pour les démocraties en herbe. Nous collaborons pour contrer la menace terroriste, nous isolons les régimes voyous, prêtons assistance au développement et réagissons aux désastres dans les pays les plus à risque. Nous affrontons la Chine, la Russie et des acteurs du monde qui ne partagent pas notre vision et nos valeurs, et qui travaillent activement contre tous.

Dans le pire des cas, nous sommes distraits par des défis qui peuvent en fait se résoudre facilement. Nous perdons du temps dans des discussions qui s’éternisent sans amener aucun résultat, bien que nous essayions d’atteindre le même objectif. Prenons l’exemple du commerce.

Un PIB de quarante milliards de milliards de dollars. Un stock de 5 milliards de milliards de dollars d’investissements directs étrangers à double sens, qui alimente un commerce annuel d’un peu plus de 1,2 milliard de milliards de biens et services, et génère 16 millions d’emplois sur les deux rives de l’Atlantique. C’est un chiffre énorme.

En juillet dernier, je suis arrivé très optimiste à Bruxelles. Je suis appelé à servir mon gouvernement, mais je viens du monde des affaires, et la rencontre entre les Présidents Trump et Juncker, à Washington, le 25 juillet 2018, après des années d’impasse, m’a fait grand plaisir. Ce jour-là, ils se sont tous deux engagés à rendre les relations commerciales US-UE plus libres, plus justes et plus réciproques. Qu’il plaise ou non, le Président Trump est un homme d’action, et il semblait que les choses avaient bougé. Mais depuis, nous n’avons fait que peu de progrès, et l’USTR [représentant américain au commerce] M. Lighthize a informé le Congrès que nos échanges commerciaux sont dans une situation d’impasse totale.

Le sujet de l’agriculture dans les échanges commerciaux entre États-Unis et Europe

L’agriculture est l’un des points-clef. Depuis que je suis entré en fonction, j’ai entendu parler de cette ligne rouge, encore, encore et encore, comme si l’alimentation et la culture n’étaient en quelque sorte sacrées que pour l’Europe. Nos agriculteurs et nos éleveurs sont tout aussi importants pour nous, et la question est tout aussi sensible aux États-Unis. Nos agriculteurs parlent anglais, certains des vôtres parlent certainement français, mais leurs inquiétudes et leur influence sur leurs gouvernements respectifs sont tout aussi importantes. Si nos échanges commerciaux doivent se poursuivre, l’agriculture doit en faire partie. Cependant, ce n’est pas un jeu où personne ne doit gagner.

Nous devons simplement accepter de négocier librement et de façon équitable, et laisser le marché être l’arbitre ultime. Laissons le marché décider. Il y aura des vainqueurs et des vaincus de chaque côté, dans l’agriculture et dans d’autres secteurs. La clef est que les règles du jeu soient les mêmes pour tous.

J’ai échangé avec beaucoup de leaders du secteur en Europe, et c’est comme si l’UE n’accordait pas d’attention à leurs besoins et à leurs préoccupations ; et ces hommes d’affaires sont européens, pas américains. Les entreprises nous exhortent à parvenir à un accord dans un laps de temps raisonnable pour réduire les incertitudes du marché et prévenir une escalade [de la tension sur les marchés internationaux].

Le sérieux et l’urgence sont les éléments les plus importants que l’administration Trump a apporté dans nos discussions commerciales. Et, pour être sincère, plus le leadership de l’Europe joue le jeu du retard, plus le ressentiment s’exacerbe en Amérique. À la fin, nous n’aurons plus le choix, et nous utiliserons les leviers à notre disposition pour réaligner notre relation. Pour être clair, ce levier est l’accès à des secteurs précis du marché américain.

Mais, malgré mes propos, certains pensent qu’ils peuvent faire traîner les choses et attendre que l’actuel président des États-Unis soit remplacé par un autre. Le problème est que cette tactique ne fonctionne pas dans les faits, car il est très probable que, quel que soit le camp politique du prochain président, ce dernier demandera de toute façon un réalignement [des relations commerciales entre États-Unis et Europe]. Laissez-moi vous donner un exemple : j’ai récemment eu l’opportunité d’accompagner certains des leaders les plus influents du parti Démocrate, parmi lesquels la présidente de la Chambre, Nancy Pelosi, à une rencontre avec les fonctionnaires de l’UE. Dans ces réunions, il a été très clair que, alors même que les Démocrates sont en désaccord avec le Président sur de nombreux points, il n’y a aucune différence entre eux quand il s’agit de corriger le déséquilibre commercial entre l’Europe et nous. Aucune.

OTAN et défense européenne commune

Au-delà des échanges commerciaux, nous continuerons à travailler avec les partenaires UE, qui sont aussi nos alliés dans l’OTAN, pour qu’ils augmentent leurs dépenses, en réponse à la demande que le Président Trump a faite aux alliés de respecter leur engagement de dépense de 2 % du PIB. Une Europe sûre est aussi une Europe où alliés et partenaires coopèrent pour la mobilité militaire. Les alliés de l’OTAN et les États membres de l’UE doivent être en mesure de déplacer de façon sûre et rapide des équipements et du personnel militaire pour répondre aux menaces. Pendant que l’Europe discute aussi du lieu et de la façon de réaliser des investissements, un des volets de ses nouvelles initiatives de défense, je m’engage à garantir que les États-Unis travaillent en contact étroit avec l’UE pour aligner leurs efforts avec les priorités sécuritaires de l’OTAN, mais surtout pour donner la possibilité de faire des offres aux sociétés américaines.

Accès au marché américain de la défense

Le gouvernement des États-Unis recherchera toujours les meilleures idées et technologies, indépendamment du fait qu’elles soient locales ou qu’elles émanent d’un partenaire de confiance. Tout récemment, j’ai entendu un groupe d’ambassadeurs de l’UE répéter une chose dont ils devraient savoir qu’elle est parfaitement fausse : les marchés de la défense des États-Unis sont fermés aux sociétés européennes. C’est une information qui circule depuis que je suis arrivé, en juillet. Ce n’est pas vrai. Les entreprises européennes vendent pour des milliards de dollars de technologie militaire aux États-Unis. C’est ainsi que les États-Unis croissent et se développent. Au niveau mondial, les entreprises européennes constituent en effet la majorité des exportateurs d’équipements militaires aux États-Unis.

Sur la seule année passée, la société italienne Leonardo, BAE Systems, Rheinmetall et CMI Defense se sont tous assurés (ou sont tout près d’en obtenir l’approbation) des contrats de défense de plusieurs milliards en collaboration avec des sociétés américaines. Et sur la recherche et l’innovation, la DARPA (l’agence pour la recherche avancée de défense des États-Unis) vient tout juste d’attribuer à Airbus un contrat pour participer au nouveau programme satellitaire " Blackjack " des États-Unis. Donc, en conclusion : personne ne devrait sérieusement mettre en doute l’engagement des États-Unis dans leurs relations commerciales avec l’Europe.

Notre coopération se poursuivra dans les mêmes domaines qu’aujourd’hui, et ne sera pas suspendue parce que nous avons quelques divergences sur certains points. En même temps, nous ne pourrons nous satisfaire de maintenir le statu quo dans des domaines qui désavantagent clairement les États-Unis.

Merci. Je serai heureux de répondre à vos questions.

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